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Mémoire en ligne 

INTRODUCTION
       

       Frôlée, éclairée, traversée, la mémoire, aujourd’hui se visite. Elle trouble le passant, en lui chuchotant son histoire et l’invite à s’asseoir. Elle s’étale sur l’espace public, s’insérant entre la halle du marché et le parc urbain. La mémoire réapparaît peu à peu dans notre paysage et le quotidien de la ville hétérogène, conçue et symbolisée sous une nouvelle forme : le mémorial.


Quel est donc ce nouveau programme qui désoriente le visiteur ? Quelles expériences émotionnelles et spatiales lui sont proposées ? Dans quel but édifions-nous la mémoire au travers de sensations ?


      Dans un temps où les guerres sont encore présentes et les catastrophes naturelles incontrôlables, nous entrons dans une nouvelle ère du risque, celle du terrorisme et des accidents technologiques. La population mondiale se découvre de nouveaux dénominateurs communs : le crash d’avion, les attentats, les explosions…Le risque est partout et nous le créons, constituant ainsi une culture internationale du drame. Les exemples se multiplient, les mémoriaux aussi.


     Si d’après la définition, la mémoire, est considérée comme une image mentale, un lieu abstrait où viennent s’inscrire en chacun de nous des faits passés, nous avons eu besoin de la rendre physique afin de la partager. Cette analyse tente de comprendre ce mécanisme qui met à l’honneur et esthétise la perte humaine.
Le centenaire de le Grande Guerre avec l’Anneau de la mémoire, l’inauguration du mémorial ACTE en Guadeloupe ou encore celle de la nouvelle tour-observatoire du Word Trade Center ont rythmé notre année, mettant au coeur du débat le devoir de mémoire et le mémorial dans la commande architecturale. Cette cohabitation vie/mort n’est pas à négliger. Elle transforme la construction de nos villes en juxtaposant des temps différents, et en bouleversant les usages et l’identité de lieux. Le mémorial a quitté le patrimoine vernaculaire avec le monument aux morts, minéral et rationnel, pour devenir cette forme hybride d’art public et de place urbaine.
       Reflet de notre société, il témoigne de nos traditions, de nos modes de vie et de nos traumas. Car devant un futur incertain nous développons un fétichisme de la trace, figeant le temps de ces espaces, pour en faire des témoins. Ces lieux sont soumis à des problématiques politiques, économiques, sociales, et culturelles dans un conflit entre histoire et mémoire. Le mémorial s’inscrit aujourd’hui dans une dynamique de mutation des outils de transmission afin de lutter contre l’oubli.

       Dans notre étude, nous analyserons cette dynamique, mettant au centre de notre questionnement le monument commémoratif :


Quelle place les mémoriaux et leurs pratiques , ont-ils aujourd’hui dans la société, la ville et la production architecturale ?


    Une première approche du phénomène mémorial révèle le caractère ancestral du rapport entre l’homme, la mort et l’oubli et les différents rites qu’il met en place autour de ces notions. La place du mémorial est internationale. Ces pratiques font disparaitre la création en série des monuments aux morts, pour laisser place à l’oeuvre unique presque architecturale qu’est le mémorial. C’est le constat d’une production symbolique qui ne s’adresse plus à un village mais bien à un pays voir à la population mondiale.


      La réflexion se poursuit par l’étude des raisons et des enjeux de ces lieux de mémoire. En quoi est-ce important de conserver les traces d’un passé douloureux que l’on pourrait légitimement avoir envie d’oublier ? Quelle est le discours véhiculé par le mémorial et les acteurs de ce phénomène ? Dans cette hypothèse, le mémorial est annoncé comme un geste politique. Il y est observé porte-parole de la société et fondateur d’une mémoire commune.


       Finalement, c’est au travers du regard du concepteur que le mémorial prend tout son sens. Entre symbole et parcours, il devient une expérience spatiale et émotionnelle. Tant libre que soumis à l’importance de la portée de l’histoire, l’architecte est constructeur de l’avenir, mais aussi un conservateur du passé et un gardien de la mémoire collective. La mémoire s’adresse à tous par l’émotion que l’espace produit.

Mémoire présenté en Mention Recherche en Février 2016, obtenue avec les félicitations du jury. 

 

Composition du jury : 

JK. FITZSIMONS Représentant de l'UE

G. TAPIE, enseignant HDR, sociologie

G. A Langlois, Professeur HDR

C. SADOCK, Enseignante à l'ensa Toulouse

M. HESSAMFAR, vice présidente de l'ordre des architectes

P.GODIER enseignant encadrant, sociologue 

 

LE MEMORIAL A L'AUNE DE L'EXPERIENCE EMOTIONNELLE

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